BOURGTHEROULDE : 1831 / 1842

1831 – Le 11 mai, le bâtiment à usage de prison doit servir pour partie à la construction d'une mairie. Il est situé et placé dans la berge de la grande route de Rouen à Caen qu'il rétrécit d'une manière dangereuse pour la sécurité surtout les jours de foires et marchés. Il est d'utilité publique que ce bâtiment disparaisse et soit transporté sur la place communale. La future construction votée est nécessaire dans toute sa partie pour le service de la commune et celui des passages militaires.

1832 - Bosquier est validé maire le 14 janvier. La réunion a lieu dans la salle d'audience de la justice de paix. Il n'y a toujours pas de mairie dans la commune.

Une épidémie de choléra morbus atteint la France en avril. Le conseil municipal décide de mettre cent francs à la disposition de la commission sanitaire pour les indigents. Une souscription serait ouverte pour solliciter et obtenir des fonds des âmes sensibles et bienfaisantes. Trois conseillers municipaux quêteraient chez les habitants si l'épidémie se déclarait.

La commune célèbre l'anniversaire des journées des 27, 28 et 29 juillet 1830, qui précédèrent l'avènement de Louis-Philippe, par des distributions de pain aux indigents et malades.

1833 - La rage est à nouveau dans le bourg en février. La réclusion des chiens est imposée aux habitants. Le 28 mars, Claude Nicolas Lequesne adresse une pétition au sous préfet. Il fait construire sur une masure lui appartenant à l'écart du bourg un bâtiment à usage d'écurie et charreterie qu'il commence à faire couvrir en paille longue. Le garde champêtre lui a fait défense de continuer. Il a obéi provisoirement et demande

la continuation des travaux. Le maire demande qu'il soit statué pour savoir où commence et finit l'obligation de couvrir en ardoises ou tuiles imposées par le règlement. Le règlement  du 6 août 1765 défend de couvrir autrement qu'en ardoises ou tuiles les bâtiments dans l'enceinte des villes et bourgs. L'article 9 de l'arrêté du préfet du 15 nivôse an 10 (*5 janvier 1802) précise que les couvertures en chaume sont rigoureusement interdites depuis la Porte des Marchands jusqu'au nouveau cimetière (*le second installé au pré de la Noé). Du milieu et de chaque côté de la route allant de Rouen à Bordeaux, une distance de 71 mètres et demi (220 pieds, ancienne mesure) est observée : les réparations et toitures neuves devront être faites en ardoises ou tuiles. Lequesne est débouté : son bâtiment n'est pas assez éloigné de la grande route.

La commune est dotée de nouvelles routes. Le 30 avril, le conseil municipal délibère pour l'adoption du plan de la route de Bourgtheroulde à Elbeuf. Le tracé doit être suivi sur la commune. (*Il s'agit de l'actuelle route d'Elbeuf qui remplace le chemin arrivant à la côte Saint Auct.)

Le 21 septembre, des bâtiments ont été récemment couverts en paille ou chaume. Un rappel est fait des interdictions.

1834 – Le 4 janvier, Une estimation est faite des indemnités à accorder aux propriétaires de la commune qui cèdent des terrains et emplacements pour la confection de la route départementale numéro 12 de Bourgtheroulde à Gournay en passant par Elbeuf.

Les maisons de la commune sont évaluées. Les maisons des ouvriers et des journaliers sont plus éloignées que celles des commerçants. Il y a 180 maisons dont 60 pour le commerce. Sur ces 180 maisons, seules 120 peuvent supporter le logement militaire. Le tour des maisons qui logent revient fréquemment. Ce passage est profitable à la commune, mais pas pour certains habitants.

Un arrêté est pris le 21 avril : les chevaux seront attachés pendant qu'ils mangent leur avoine chez les marchands pour plus de sûreté et de commodité de passage dans les rues. Il arrive que des chevaux s'échappent en entraînant des voitures. Les aubergistes, marchands de grains et autres habitants ne pourront donner à manger dans les rues et places publiques aux chevaux des voyageurs ou à tous autres animaux dans des auges portatifs ou fixés contre les maisons. Les animaux devront manger dans les écuries, masures et allées. La station sur la voie publique est interdite.

En avril, les aubergistes du bourg sont accusés par des voyageurs de ne pas vouloir les loger ni les nourrir moyennant paiement. Le conseil municipal enjoint aux logeurs d'accepter les clients porteurs de papiers en règle, sous peine de procès verbal.

La proposition d'une souscription pour un tableau monumental commémorant la Révolution de juillet réalisé par Blanchard, Mécou et Plant le Jeune de Paris est rejetée en mai. C'est une dépense non indispensable.

 Le même mois, l'ancien meunier est radié de la liste de logement des troupes. Ce qu'il propose n'est plus convenable.

Le pain est trop cher. Une circulaire du préfet informe que ce produit de première nécessité ne sera plus taxé à partir du 17 mai.

Le 16 novembre, six conseillers municipaux sont renouvelés. Ils prêtent serment : "Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume". M. Galot, marchand de vin, est installé comme membre du conseil municipal le 24

.1835Le 12 juillet, M. Louis Pierre Philippe Puchot est installé maire par M. Bosquier ancien maire et en présence des membres du conseil municipal, de la Garde Nationale, des citoyens et des habitants.

 Le 14, il est procédé à l'inventaire de la mairie. Il est fait mention des titres de propriété du champ de foire et de l'emplacement de l'ancienne halle aux poissons par une reconnaissance du marquis de La Londe en date sous seing privé du 10 septembre 1827, d'un drapeau en soie avec enveloppe en taffetas ciré avec sa boîte et sa banderole, un drapeau en serge, un fusil de chasse avec baïonnette servant au garde champêtre…

Le 3 novembre, indignation des habitants qui constatent que l'horloge est arrêtée. Ce qui perturbe leur vie dans leurs travaux et leurs habitudes.

Le même jour, des remerciements sont adressés par lettre à M. Bosquier. Il lui est rappelé les causes qui lui interdisent de pénétrer dans la mairie pour siéger avec le nouveau maire : les journées orageuses de 1814 et 1815 qui ont marqué le départ de Napoléon pour l'île d'Elbe, puis pour Sainte-Hélène.

Le concierge de la maison de sûreté dit qu'il lui est impossible d'habiter la maison qui lui est assignée pour la garde des prisonniers. Durant les jours de pluie, il est obligé de promener son lit d'une place à l'autre pour ne pas être mouillé. Les bois des greniers pourrissent et menacent de faire crouler le toit. Le 6 novembre, le conseil prenant en considération la plainte du concierge et ayant vérifié le mauvais état de la toiture de la prison, autorise le maire à écrire au préfet pour lui demander qu'il envoie un architecte qui constatera quelle réédification serait à faire pour restaurer le bâtiment.

1836   En novembre, réclamation des habitants propriétaires sur le chemin communal n° 19 du Bosbéranger et rue des Fossés. Ces chemins sont non viables depuis la création de la route départementale n° 12. L'exhaussement des terres qu'a entraîné cette nouvelle route arrête les eaux, les terres rapportées sont glaiseuses.

La commune réclame une indemnité pour l'envahissement des portions de terrain sur la route royale n° 138 de Bordeaux à Rouen. Des alignements ont été demandés et obtenus pour bâtir la nouvelle route. La commune a le droit de réclamer à l'Etat le remboursement des sommes reçues et touchées pour cession. Bourgtheroulde demande le paiement par l'Etat de la valeur de deux terrains qui ont été réunis à la grande route et qui faisaient partie du domaine communal. L'un provenait de la démolition du bâtiment composant l'ancienne prison qui se trouvait enfermé et enclavé dans la dite route, l'autre était jadis couvert par la halle aux poissons démolie au commencement de l'année 1794. Les chemins du Bosbéranger et celui de la Porte des Marchands ont été tellement détériorés qu'il est de toute justice qu'il y ait un dédommagement.

1837 – Le 24 avril, il est décrété que la sente de la Boucherie doit avoir une largeur de 1 mètre 30 centimètres (désormais dénommée rue de la petite boucherie). Une des maisons de cette sente est occupée par le boulanger Talon.

Les chemins communaux sont recensés le 9 mai pour réparations : rue des Fossés - de l'église de Bourgtheroulde à Infreville passant par le Cresson - de Pont Audemer à la mare du Boulay - de la Grande Route à Marcouville - de la Grande Route à la Fosse Louvet - de la Grande Route à Angoville par les prés de la Noé - l'ancien chemin d'Elbeuf à la Mésangère - le chemin du Neubourg à Bosnormand par le moulin - celui de la Porte des Marchands allant au Neubourg - celui du Neubourg à Thuit Simer - l'ancien chemin d'Elbeuf allant au moulin - le chemin du moulin de pierre allant à la forêt par le Bosbéranger - l'ancien chemin d'Elbeuf au hameau des Faulx - celui de la Grande Route à la Poterie - chemin du moulin d'Infreville allant à la Grande Route.

Une circulaire du préfet du 29 mai annonce le mariage du Duc d'Orléans avec la princesse Hélène de Mecklembourg Scevrin. Il faut faire partager à la classe malheureuse l'élan de tous les Français (sic) : distribuer aux indigents le produit en pain d'un hectolitre de blé - le dimanche 16 mai la Garde Nationale se rassemblera sur la place d'Armes en grande tenue - une salve d'artillerie sera tirée la veille à la chute du jour - les monuments publics seront illuminés, les citoyens invités à pavoiser et à illuminer leurs maisons - à la chute du jour un bal sera donné aux frais de la commune.

Des officiers municipaux sont renouvelés en septembre. Un septième conseiller est nommé.

Le 1er octobre, l'alignement est accordé à M. Poulard selon bornage sur l'ancien chemin d'Elbeuf qui longe sa propriété. La commune se réfère aux arrêtés des 24 août 1790, 22 juillet 1791 et 16 septembre 1807 qui chargent le pouvoir municipal de veiller à tout ce qui intéresse la sécurité et la commodité du passage dans les rues, places et voies publiques, ce qui comprend les alignements : défense sous peine de droit à tout propriétaire ou habitant de la commune de construire, reconstruire ou réparer aucun bâtiment ou mur, d'ouvrir des fossés, de faire des plantations d'arbres, de haies, et de former ou rétablir une clôture quelconque le long des chemins vicinaux, les rues ou autres voies publiques, sans en avoir préalablement demandé et obtenu l'autorisation et l'alignement.

1838 – La nouvelle route de Bourgtheroulde à Gournay permet une facilité de communication aux agriculteurs pour aller vendre leurs produits à Elbeuf et au Neubourg. Les marchés de la commune s'en ressentent ce qui la désavantage. En compensation, elle réclame que les troupes ne séjournent plus dans le bourg. Journellement, les soldats allant de Rouen dans le Calvados, l'Orne, la Mayenne, et retour, ainsi que les conscrits, les semestriers (*militaires absents de leurs corps par un congé de six mois) de ces départements par leurs allers et retours, sont une surcharge pour le village qui a 700 habitants et fournit 100 logements. Cinquante maisons sont en état et cinquante devraient être dégrevées. La commune, qui est à six lieues de Rouen (environ trente kilomètres), a toujours logé les militaires allant de Rouen à Alençon, mais pas les autres et suggère de faire emprunter aux troupes  la nouvelle route de Caen à Rouen par Pont-Audemer.

Des réverbères sont installés dans le bourg par décision du 4 août : 1) attaché à la maison commune et à celle de M. Grenier (*poste aux chevaux) – 2) attaché à la maison de Mme Gasse et à celle qui fait face – 3) attaché à la maison de M. Buron et celle qui lui fait face – 4) Placé à l'hôtel de la gendarmerie et celle de M. Surbled qui lui fait face. (*On peut en déduire qu'il s'agit d'éclairer l'actuelle route de Rouen à partir de l'auberge de la Corne d'Abondance.)

Lors de la célébration de la naissance du Comte de Paris en septembre, il est distribué du pain de la valeur d'un hectolitre de grains aux indigents. Un Te Deum est chanté dans l'église en présence du conseil municipal, de la Garde Nationale, du juge de paix du canton et des gendarmes.

1839 – Le 9 février, la délibération du conseil municipal permet d'avoir une image du village et de ses habitants : il existe 125 logements militaires, 26 guides pour conduire les détachements de troupes à loger dans les communes rurales voisines de Bourgtheroulde, 11 indigents, 98 gardes nationaux, 28 réservistes.

En mai, les ingénieurs rejettent les réclamations faites par le conseil municipal : le pavage d'un bout de la route départementale n° 12 de Bourgtheroulde à Gournay (actuelle route d'Elbeuf) est une économie et non un luxe. La commune réclame de lui accorder sans contribution ce pavage. La route est plus étroite de deux mètres à son entrée dans le bourg que dans toute son étendue. Cette portion de voie est dégradée par un usage répété. La construction de cette route a fait perdre une partie de la halle de la boucherie. La commune est éloignée du centre d'administration. Elle est abandonnée et doit se suffire ?

            Un nouveau règlement pour le parcours et vaine pâture est établi le 1er septembre : un mouton pour trois arpents métriques. Il existe deux bergeries de quatre à cinq cents bêtes à laine. Louis Levasseur dit Duval de la ferme de l'Epinay et Jean Baptiste Gruel de la ferme du Logis réclament la présence de six bêtes par arpent, ce qui leur est accordé après approbation du préfet.

1840 - Une lettre adressée au maire par M. Lambert demande que le nom de M. Payen soit rayé de la liste des électeurs. M. Payen a vendu ses biens situés à Bourgtheroulde. Sa demande est rejetée le 19 février. Mais le 23, M. Payen est rayé des listes électorales car sa maison, vendue le 19 juillet 1834, forme la majeure partie de ses impôts. M. Payen est cependant secrétaire lors des délibérations du conseil municipal en l'absence de M. Lair. Le conseil est divisé : un membre que nous ne voulons spécifier a critiqué les deux arrêtés puis a rayé sa signature. Deux autres ont suivi son exemple.

En mars, la situation de certains habitants est pitoyable. La commune ne peut faire face à la misère mais n'ouvre pas d'atelier de charité. Tous les indigents sont heureusement employés. La mendicité est cependant en extension. Il y a beaucoup de passages de voyageurs indigents qui sont de véritables charges pour la commune. Le pain est cher. Des sommes sont prélevées sur les dépenses imprévues ainsi que sur l'argent consacré aux  fêtes publiques. Une loterie est ouverte au profit des pauvres.

De nouveaux conseillers municipaux sont élus et prêtent serment en juin. Le renouvellement est triennal.

Le 24 octobre, la municipalité arrête à l'unanimité qu'une adresse sera rédigée et envoyée au roi des Français à l'occasion de l'attentat qui a eu lieu sur sa personne dans le courant du mois.

1841 – La commune ne veut pas partager son cantonnier en alternance avec Angoville et Infreville. Elle préfère avoir le sien toujours à sa disposition. Jean Louis Isidore Coignard, journalier, est nommé. Il ne sait ni lire et écrire comme la majorité de ses contemporains, mais il est intelligent, laborieux et déjà employé à l'entretien des chemins.

1842 – Une lettre est adressée le 16 juillet au roi à la suite de l'assassinat d'un fils.

 

 (Internet - 13 juillet 1842 - Mort du duc d'Orléans. Fils aîné du roi Louis-Philippe, il devait partir, ce jour-là, pour Saint-Omer en tournée d'inspection militaire. Il voulut, à 11 heures du matin, aller faire ses adieux à la famille royale au château de Neuilly. C'est sur le chemin de la Révolte que les chevaux de l'attelage à la daumont du cabriolet du prince s'emballèrent soudain, ce chemin créé par Louis XV pour gagner Saint-Denis en évitant un Paris qui lui était devenu hostile. Le prince s'élança hors de la voiture. Le marchepied était bas, mais, nous dit un contemporain, « la puissance d'impulsion de la voiture multipliant la rapidité d'un élan irréfléchi, les deux talons portèrent sur le sol avec une telle force que le contrecoup produisit une violente commotion cérébrale, et probablement un épanchement instantané ». Le soir même, à 4 heures et demie, le duc d'Orléans rendait l'âme dans la boutique d'un épicier où on l'avait transporté.)

 

 "Sire, l'événement affreux du 13 juillet a retenti par toute la France. Il a porté la consternation et le deuil dans tous les cœurs. Comme vous, Sire, la France pleure un fils bien aimé, l'objet de son orgueil et de tant d'espérance. La patrie a fait une perte irréparable. Tous les Français partagent la douleur amère qui déchire votre cœur paternel : ils ressentent bien cruellement le désespoir de l'auguste mère, de l'excellente épouse et de la famille éplorée du malheureux prince objet de leurs regrets et de leurs larmes. Ces sentiments, Sire, sont ceux de la population toute entière de Bourgtheroulde. Le conseil municipal vient les déposer aux pieds de votre majesté."

 

Le 1er octobre, le sous préfet suggère qu'un prix soit fixé à l'amiable pour les parcelles de terrain prises sur les territoires de la commune pour l'élargissement et le redressement du chemin de grande communication du Neubourg à Bourgtheroulde.

 

 



24/04/2009
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