BOURGTHEROULDE : La Fabrique de l'église
LA FABRIQUE DE L'EGLISE
Fabrique : biens, revenus d'une église. Conseil qui en a l'administration. Les membres sont des fabriciens. Une Fabrique est un établissement mineur placé sous la tutelle de l'autorité paroissiale.
Internet : Fabrique (définition)
Le terme désigne à la fois le temporel d'une paroisse, c'est-à-dire ses biens et ses revenus, et l'organisme chargé de le gérer. Celui-ci est constitué d'une ou de plusieurs personnes, généralement élues par les paroissiens : simple procureur fabricien dans les paroisses rurales, corps de marguilliers et fabriciens dans les paroisses urbaines.
Les biens de la fabrique, considérés comme biens d'Église, sont inaliénables. Ils sont constitués de « biens extérieurs », maisons, terres affermées, cens en argent ou en nature, rentes, provenant le plus souvent de donations anciennes, et de « biens intérieurs », casuel*, quêtes et offrandes, location des bancs, prix fixé pour l'utilisation des cloches, tentures et ornements.
Plus ou moins importants selon les paroisses, ces revenus servent à entretenir en partie les églises et à couvrir les frais du culte.
Les comptes de fabrique, longtemps fort négligés, sont surveillés de plus en plus rigoureusement depuis la fin du XVIIe siècle par les représentants de l'administration diocésaine au cours de leurs visites. Le gouvernement royal s'en préoccupe également et multiplie les règlements à la fin du XVIIIe siècle (une quinzaine entre 1750 et 1770).
Les contestations sur les comptes rendus par les fabriciens se règlent devant les tribunaux royaux.
*Casuel. On appelle en général casuel un revenu éventuel en opposition au revenu fixe. Le mot casuel désigne spécialement les droits que perçoit le clergé pour certaines cérémonies. |
La lecture du livre de comptes de l'année 1804 de la Fabrique de l'église permet d'en connaître les membres dirigeants et l'usage des fonds qu'ils collectent lors de quêtes pendant les messes, les cérémonies de mariages et d'enterrements.
Les comptes présentés par M. Prudhomme mentionnent divers achats et sommes versées pour le service et l'entretien de l'église : location de chaises et de bancs - salaire du curé desservant (Michaux), du souffleur d'orgues, du sonneur de cloches – raccommodage de surplis – blanchissage - achat de cire, bénitier, goupillon en fer blanc, encensoir, toile, chandelier d'acolyte (*chanoine), porte-manteaux, vase doré, arrosoir en fer blanc, vin de messe, restauration d'un Christ, fausse porte, etc.
Les droits de sonneries aux baptêmes, mariages et inhumations sont fixés
- Première classe, c'est-à-dire pour les habitants les plus opulents : baptême 3 livres, mariage 3 livres, inhumations des grands corps 6 livres, inhumation des enfants 3 livres :
- Seconde classe : moitié du prix de la première classe
- Troisième classe : le quart de la première classe.
Les cloches annoncent les décès proportionnellement aux classes précitées :
Inhumations :
- 1ère classe : de deux heures en deux heures pour les grands corps jusqu'à l'inhumation. Au décès, à midi ou le soir et pendant l'inhumation pour les enfants
– 2ème classe : au décès ou à midi, trois sonneries de suite pour un homme, deux seulement pour une femme et au moment de la sépulture pour les deux sexes, une pour les enfants au décès et une à l'inhumation
– 3ème classe : une à midi ou le soir et au moment de l'inhumation pour les adultes, une au moment de l'inhumation pour les enfants.
Baptêmes et Mariages :
- Plus ou moins longtemps selon l'ordre des classes.
Le 13 octobre 1805 a lieu l'examen des comptes du trésorier en charge de la Fabrique pour la gestion de l'an 12, y compris les comptes d'Ecorcheville trésorier de 1792 à 1793 qu'il n'a pu faire. Le conseil municipal obtient qu'il soit poursuivi. Il est demandé au préfet de faire « vider les mains » au trésorier Ecorcheville afin de pouvoir reconstruire le toit de l'église dans laquelle il pleut. En novembre, l'orgue est réparé. Des tuyaux d'orgue sont acquis.
L'achat d'une deuxième cloche est proposé en 1821 (A l'époque de la Révolution, les églises sont dépouillées de leurs cloches dont le métal servira à fabriquer des canons. Chaque église ne conservera qu'une cloche) :
« Qu'il est présentement impossible de pouvoir sonner d'une manière convenable les décès, inhumations, offices des morts, par la raison que l'église de Bourgtheroulde ne possède qu'une seule cloche, que néanmoins il serait à propos d'établir une différence sensible entre le son des inhumations et des naissances, tant pour l'édification des fidèles que pour rendre les obsèques des morts plus décentes et plus touchantes. Que le décès des personnes pauvres ne peut être sonné, par le défaut d'une seconde cloche et qu'il serait bien convenable de donner aux indigents cette dernière consolation de voir leurs parents inhumés d'une manière décente et chrétienne. Que la cloche actuelle est d'un poids trop fort pour être d'un usage journalier et qu'une autre d'un poids inférieur serait infiniment plus commode pour la célébration des Saints Offices. Que l'achat d'une seconde cloche est, sinon tout à fait indispensable, au moins très utile pour donner au culte divin la pompe et la majesté qu'il doit avoir, surtout dans les fêtes principales de l'année, lesquelles doivent être annoncées aux fidèles et célébrées avec plus de solennité et d'éclat que les simples dimanches. Que la dite Fabrique, aidée par les secours que pourra lui procurer la commune, fera l'acquisition d'une seconde cloche pour l'église de Bourgtheroulde. Que l'on fera venir incessamment le sieur Capelain, fondeur de cloches au Petit Couronne pour traiter avec lui de cet objet. Que l'on donnera avis de ce projet d'acquisition à MM. du Conseil Municipal de la commune afin de connaître les secours pécuniaires qu'ils pourront accorder à l'église pour faire cette acquisition. Qu'il sera fait, par les membres du Conseil de fabrique, une quête dans la paroisse afin de recueillir des habitants les sommes diverses qu'ils pourront donner bénévolement pour cet objet. »
On ignore à quelle date fut baptisée cette cloche qui se trouve dans le clocher de l'église en 2005. Une troisième fut offerte par Madeleine Keller-Gasse au 20ème siècle. (M. Dutheil eut l'obligeance de monter dans le clocher pour confirmer leurs présences. L'état des cloches ne permit pas de lire les inscriptions figurant sur chacune d'elles)
Le 6 novembre 1836, Jean François Deshayes, propriétaire à Bourgtheroulde, désire se libérer d'une rente envers le trésor de la Fabrique dont il est débiteur solidairement avec Ansoult et Lacroix. Le conseil municipal demande à la Fabrique de se conformer à ce que prescrivent la loi et les ordonnances ministérielles.
Le conseil municipal approuve la demande de Mme Marie Françoise Duval, Veuve Gasse, le 6 août 1839. Mme Gasse désire s'affranchir de sa rente à la Fabrique de l'église au nom de ses enfants mineurs.
La Fabrique est autorisée à recevoir le capital des rentes faites au trésor de l'église par MM. Vittecocq et Gasse le 22 février 1840.
En avril 1845, les membres du conseil de Fabrique de l'église adressent une pétition au préfet. La Fabrique désire recevoir de Louis Pascal Collemiche, ancien garde de forêt et propriétaire demeurant à Guerbaville (Seine-Inférieure), le remboursement d'une rente annuelle effectuée par son père.
Les sœurs Dumesnil, d'Elbeuf, demandent à la Fabrique, qui accepte, de se libérer d'une rente en novembre 1848.
Le 22 avril 1849, une délibération du conseil de Fabrique expose que Marie Thérèse Ecorcheville, veuve Grenier, notifie qu'elle a l'intention de rembourser à la Fabrique une rente annuelle et perpétuelle sujette à imposition le 20 septembre de chaque année. La Fabrique adresse une pétition au préfet afin d'autoriser le trésorier à recevoir le capital de la rente.
M. Henri Delahaye demande le 29 juin 1853 le remboursement d'une rente annuelle et perpétuelle due à la Fabrique. Ce qui lui est accordé.
Le conseil de Fabrique adresse une pétition à la mairie en mai 1856. Un secours est demandé pour la réédification des voûtes du chœur de l'église. Le montant des travaux s'élève à deux mille francs et la Fabrique ne dispose que de six cents francs. Le conseil municipal ne peut accorder que quatre cents francs. Il doit faire des économies pour la rénovation de la mairie, la justice de paix et la prison, ajournée par le préfet l'an passé.
Le 4 avril 1878, le legs de mille deux cents francs fait à la Fabrique de l'église par Jean François Leseigneur est accepté par le conseil municipal. Cinquante-deux messes doivent être dites chaque année et à perpétuité. Le conseil municipal ramène les messes à douze par an.
Melle Estelle Ernestine Coignard lègue la moitié d'un titre de deux cents francs de rente sur l'état français à la Fabrique de l'église à la condition que soient dites à perpétuité vingt-cinq messes par an pour le repos des âmes de son père, sa mère, sa sœur et la sienne. La délibération du conseil municipal du 21 février 1880 autorise la Fabrique à accepter ce legs. Le président de la république a rendu un décret autorisant la Fabrique de Bourgtheroulde et la commune de Boscherville à accepter ce legs jusqu'à concurrence d'un tiers seulement sans réduire les charges. Le legs est refusé par la Fabrique le 20 avril 1882 : il serait une lourde charge plutôt qu'un léger bénéfice. Le conseil municipal soutient le conseil de Fabrique.
Le conseil de Fabrique délibère en novembre 1902 et sollicite l'avis du conseil municipal concernant l'acceptation d'un legs de trente-six francs de rente à 3 % de M. Léon Gruel, à charge par la Fabrique de faire acquitter chaque année à perpétuité douze messes à l'intention de son père et de sa mère.
Le 26 février 1903, M. Théophile Chevallier, propriétaire à Bourgtheroulde, lègue de son vivant six mille francs à la Fabrique de l'église.
La loi civile de séparation des églises et de l'Etat de 1905 enlève le caractère officiel de Fabriciens.