BOURGTHEROULDE : Les Charitons
LES CHARITONS
La bannière de la Confrérie de la Charité de Bourgtheroulde (1635)
Les Confréries de Charité ont été créées lors des premières épidémies de peste. Leurs membres, les charitons, se dévouaient pour enterrer gratuitement les morts. Ils faisaient le sacrifice de leur vie et empêchaient ainsi la propagation du mal. Le bruit des « tintenelles », cloches en bronze, alertait les Frères de la Charité de la présence d'un corps contagieux.
Les charitons, les membres de la Fabrique, les nobles et les habitants qui en avaient les moyens, se faisaient inhumer dans l'église. (La coutume d'enterrer les morts dans les églises était générale en France au 16ème, 17ème et 18ème siècles. Elle fut supprimée par une ordonnance du roi du 10 mars 1777. La famille du défunt devait ouvrir et fermer la fosse à ses frais et payer une redevance à l'église. « Taizé-Aizie (Charente), notes monographiques » par l'abbé F. Jacques – 1906").
Le 19 novembre 1635, Valentin Carrité, échevin de la Charité nouvellement fondée en l'église Saint Laurent de Bourgtheroulde, achète une bannière payée trente-six livres. Une messe sera dite chaque premier lundi du mois. Cette bannière est toujours exposée dans le chœur de l'église.
Le 3 juin 1655, Claude Caillouel, boulanger à Bourgtheroulde, vend une rente à la Charité du lieu. Jean Neveu est maître en charge, Constentin Laugeois prévôt. Etienne Mullot, Pierre Préaux, Guillaume Cauchois, Denis Bourgalley, Antoine Lavoisey, Estienne Lequesne, Louis Allain, Phillipart Odieuvre, Marin Deshayes, Michel Gruel (marchand vinaigrier, propriétaire au triage des Marettes) et Louis Vittecoq sont frères servants.
Registre paroissial de Bourgtheroulde – « Le cinq de novembre (1690) devant nous doyen curé soussigné (à l') issue et sortie de la messe, les habitants du Bourgtheroulde en état de commun. (communier) ont nommé pour m.br (membre) trésorier Pierre Desperrois pour lequel sera tenu de blanchir le linge et en second trésorier ils ont nommé la personne de Paschal Duhamel, pour trésorier Michel Leraleux auccondition de donner le pain bénit ».
Le 23 mai 1722, fondation à charge de messes en faveur de la Charité de Bourgtheroulde par Jacques Guestard curé, Simon Heutte notaire frère de la Charité, Vittecoq fondateur.
Le 28 juin 1790, reddition des comptes de la Charité et Confrérie du Saint Sacrement. Dain en est le trésorier. Le 9 novembre 1792, reddition des comptes par Adrien Devé, membre de la Charité. Le 25 décembre, nomination par le maire d'un trésorier pour les recettes des fonds communaux qui doivent sous peu être versées à la Fabrique, Charité et Confrérie. Le 8 janvier 1793, la Confrérie dite Charité est supprimée. Langlois, qui en était le dernier maître, est poursuivi par le procureur de la commune.
Lors de la réunion du conseil municipal du 19 février 1910, le maire informe qu'il a reçu la visite de l'abbé Fossey, curé doyen de Bourgtheroulde, qui lui a fait part qu'il craignait que le service des inhumations ne puisse plus désormais être assuré par la Confrérie de la Charité par suite de la difficulté de plus en plus grande du recrutement de ses membres.
M. Leroux, maire, ajoute que d'après la loi du 28 décembre 1904, le service extérieur des pompes funèbres comprenant exclusivement et notamment le transport des corps, la fourniture des corbillards, cercueils, tentures extérieures des maisons mortuaires, ainsi que la fourniture et le personnel nécessaire aux inhumations et exhumations, appartient aux communes à titre de service public. Mais que dans les localités où les familles pourvoient directement, ou par les soins des sociétés charitables laïques, en vertu d'anciennes coutumes, au transport et à l'enterrement des morts, les mêmes usages peuvent être maintenus avec l'autorisation du conseil sous la surveillance des maires.
M. Leroux fait observer que jusqu'à ce jour, la Confrérie de la Charité a continué les anciens usages. Mais qu'à la dernière inhumation, le 15 février, plusieurs des membres n'ont pas répondu à la convocation. Ce qui est d'autant plus regrettable qu'il s'agissait d'une personne indigente. Il y a lieu pour la municipalité d'organiser un nouveau service d'inhumation.
Le 9 juin 1910, l'abbé Fossey, curé doyen, adresse à la municipalité la lettre suivante :
«M. le Maire – Encouragé à construire les traditions de notre vieille Confrérie de la Charité, j'espère avoir heureusement réussi, grâce au concours des membres honoraires, à être en mesure de pourvoir, comme par le passé, aux inhumations religieuses des défunts de la paroisse. Je vous prie donc de vouloir bien ne pas tenir compte de ma dernière démarche et vous fais bien excuse pour le tourment qu'elle a pu vous occasionner. Je peux vous être agréable en vous déchargeant d'une sollicitude nouvelle, car vous avez bien voulu me dire que, tant que la Charité pourra se suffire, vous ne chercheriez pas à y substituer un autre groupe de porteurs. Nos concitoyens, toujours défiants des innovations, se réjouiront sans doute de voir continuer un service gratuit et décent pour les inhumations ».
Les membres de la Charité démissionnent en août 1928. Les inhumations sont désormais assurées par un service de Pompes Funèbres. En décembre, l'abbé Rivière cède en toute propriété à la commune le char funèbre ayant appartenu à la Confrérie de la Charité.