BOURGTHEROULDE : Les mares

LES MARES

 

                Il a toujours eu des mares, privées et publiques, à Bourgtheroulde, Infreville et Boscherville. Les puits sont rares (3 recensés : ferme du logis, presbytère, un puits particulier en haut du bourg). Chaque habitation, ou presque, dispose ainsi d'une eau qui sert aux humains et aux animaux. Les mares sont insalubres et dangereuses, mais indispensables à la vie de tous les jours. Avant l'installation du réseau d'eau potable, des citernes recueillant les eaux de pluie étaient installées dans les cours des maisons.

De nombreux enfants se noient dans les mares. Registre paroissial de Bourgtheroulde - Le 20 aoust 1721 a esté inhumée dans le cimetière de Bourgtheroulde le corps de Catherine Hervieu fille de Jean et Catherine Matar aagée de deux ans. Laquelle s'étoit tombée par accident dans une mare et qui en avoit été retirée auparavant par Catherine et Marie Haren qui nous ont assuré ce que dessus et ont signé avec nous prêtre chanoine et curé de ce lieu, aagée de vingt ans, l'autre de seize.

Une mare donnant sur la grand route appartenant à Pourpoint est jugée dangereuse en décembre 1792. Il est tenu de l'enclore d'un garde-fou.

Le 17 juillet 1802, les cinq mares publiques de la commune, particulièrement utiles, sont remises en état car la sécheresse sévit.

La sécheresse est à nouveau présente en juillet 1818. Les mares publiques sont l'objet de mesures de police. Le maire doit s'attacher à ce que sa commune ne manque pas d'eau en aucun temps pour les besoins journaliers des citoyens et pour arrêter les ravages des incendies. Il doit en surveiller la police et la distribution.

 Les mares publiques sont alors totalement asséchées sauf la mare du Boulay qui contient un volume d'eau assez considérable. Les mares particulières ne sont pas taries mais ne pourront suffire aux besoins des habitants qui craignent la prolongation de la sécheresse. Des mesures convenables sont prises pour que la mare du Boulay ne soit pas corrompue et demeure à la disposition du public dans un état suffisant de propreté et de salubrité : il est interdit d'y laver du linge ou des objets ; de s'y laver, de s'y baigner et d'y faire abreuver les bestiaux. L'eau pour le lavage du linge et des objets, celle bue par les bestiaux, devra être mise dans des baquets ou des cuves sur le bord de la mare, les eaux usées dirigées vers les terres ; les contrevenants seront punis. L'arrêté est publié et affiché le 8 juillet après autorisation du préfet.

La mare publique de la Brétèque est comprise dans le tracé de la future route départementale (*appelée primitivement numéro 12, elle deviendra la D 321 - route d'Elbeuf). Le 4 janvier 1834, la commune demande une indemnité pour l'envahissement de cette mare. Le gouvernement refuse : la confection de cette route est un avantage pour Bourgtheroulde. Le conseil municipal fait remarquer que l'Etat ne peut exiger le sacrifice d'une propriété qu'après en avoir indemnisé le propriétaire selon la charte constitutionnelle de 1830. Une mare publique est un objet essentiellement utile et important dans une commune rurale, placée en haute campagne, éloignée de rivière et ruisseaux, ne possédant ni puits, ni source, ni fontaine par sa position élevée. La suppression de la mare serait préjudiciable au quartier. Il n'y a pas de terrain pour établir une mare de remplacement. Les avantages de cette route sont douteux. Elle n'apporterait que des inconvénients. La délibération est transmise au préfet.

Le 20 janvier 1837, l'autorisation est donnée au maire de passer acte avec le gouvernement pour cession de la mare communale de la Brétèque pour le passage de la route départementale de Bourgtheroulde à Gournay. Un rappel de l'estimation et du procès-verbal du 6 mai 1836 est effectué.

En mai 1839, La mare communale de La Brétèque n'est pas remplacée.

En mai 1849, les frères Frémont, propriétaires d'une cour masure, consentent enfin de vendre à la commune une parcelle de terrain d'un are et quatre-vingts centiares pour l'agrandissement de la mare communale dite mare Anger diminuée de largeur par l'établissement du chemin de grande communication de Bourgtheroulde au Neubourg.

Le premier projet de construction des écoles communales de 1834 manque de sécurité : une mare mal aérée se trouve au fond du terrain du presbytère. La porte d'entrée de la future école se trouverait en face d'une grande mare publique dite Artus (*Arthur), dangereuse pour les enfants obligés de suivre un chemin fréquenté tous les jours par au moins cent cinquante chevaux qui viennent s'y abreuver.

Le 18 janvier 1860, un arrêté municipal ordonne que les mares publiques ou particulières ne peuvent être creusées qu'à une distance de trois mètres des chemins ou sentiers.

En 1862, la mare des Fossés est nettoyée. Les boues retirées sont vendues. Cinq arbres de haut jet de peu de valeur ombrageant la mare Anger sont abattus et vendus.

Le 9 septembre 1867, le maire expose que depuis l'établissement de la route du Neubourg à Bourgtheroulde, la rectification de l'abreuvoir de la mare Anger est devenue indispensable. Elle est incommode pour les bestiaux et dangereux pour les voyageurs. Le terrain est désormais acquis. Le département a payé huit cents francs au propriétaire de ce terrain. Aussitôt la baisse des eaux, les travaux commenceront. Une somme de quatre cents francs est votée pour entreprendre la rénovation de la mare. En novembre, le conseil municipal demande le commencement des travaux d'arpentage de la mare Anger sous la direction de M. Poulard. En 1870, les travaux de rénovation de la mare Anger sont interrompus faute de fonds. Deux cent cinquante francs sont votés pour l'achèvement des travaux. Les mares du bourg sont nettoyées en juillet. Leurs boues, fournissant un bon engrais, sont vendues.

La mare de La Poterie déborde les jours de pluie. Une banquette est élevée au mois d'août 1876 pour remédier à cet inconvénient.

            Le 12 juin 1888, une commission est nommée pour étudier le projet de la construction d'un lavoir à la mare du Boulay et d'un nouveau chemin pour y accéder.

 

 

La mare du Boulay (collection privée de M. TIPHAIGNE)

 

En août 1902, il est décidé d'acquérir une parcelle de terrain de un are deux centiares appartenant à M. Boismare afin d'accéder dans toutes les parties de la mare du Boulay. Lors de la séance du conseil municipal du 1er septembre 1905, il est rappelé que la commune a acquis de M. Paul Boismare une parcelle de terre d'une contenance d'un are deux centiares, moyennant le somme de vingt francs quarante, et ce afin de faciliter l'accès à la mare du Boulay. M. Boismare n'a pu obtenir le paiement de cette vente à même le crédit réservé à cet effet, faute par lui de s'être présenté en temps nécessaire à la caisse du receveur municipal. Il y a lieu d'aviser aux moyens de désintéresser M. Boismare dans le plus bref délai. Le 24 avril 1906, M. Bouquet réclame que le lavoir de la mare du Boulay soit remis à flot de manière à ce qu'on puisse s'en servir.

En 1907, la mare Arthus (Arthur) est souillée par la fréquentation des animaux. Il est impossible d'y puiser de l'eau pour l'usage ménager. Un arrêté municipal interdit de faire abreuver les bestiaux et d'y laver quoi que ce soit. L'eau doit rester claire. Elle est clôturée en mai par des pieux en fer avec câbles en fil de fer, laissant des ouvertures suffisantes pour permettre de puiser de l'eau pour les besoins domestiques.

En 1909, le lavoir de la mare du Boulay ne donne pas toutes les satisfactions nécessaires au public au point de vue pratique. Il ne paraît pas présenter d'une façon absolue toutes les conditions de bon fonctionnement malgré la dépense élevée qui en a été l'objet. Il convient d'y remédier.

La même année les chemins de la commune sont recensés. Ceux de la mare Thibert et de la mare Côtière sont cités.

Le 19 août 1911, en raison de l'abaissement des eaux des mares communales, elles sont curées. Les roseaux et les mauvaises herbes sont cultivés dans la mare du Boulay. Une rampe de fer est posée aux marches de la mare Anger pour en faciliter l'accès.

L'abbé Rivière est autorisé le 26 mai 1917 à faire combler à ses frais la mare qui existe dans la cour du presbytère.

La sécheresse sévit en 1920 et 1921. La mare du Boulay se trouvant presque à sec sera curée, débarrassée de ses boues et vases. Les habitants et surtout les usagers sont invités à participer à ces travaux avec leurs chevaux. Les mares du Boulay et Arthur sont curées en juin 1921.

Le 15 décembre 1921, une autorisation est donnée à M. Feuillye, commerçant en vins et eaux de vie, de distiller des cidres et poirés à la mare des Fossés, située ancienne route de Bourg Achard, qu'il devra nettoyer.

Les chaînes du lavoir de la mare du Boulay sont à vérifier. Le plancher sur la passerelle est changé en septembre 1928.

Les mares sont curées en septembre 1929 : Poterie, Anger, Arthus, Faux. Il est strictement interdit de faire abreuver les bestiaux dans la mare du Boulay dont l'eau peut être propre à la consommation. Les roseaux ont poussé dans cette mare. Ils seront coupés.

Une selle est construite à la mare des Fossés en novembre 1929 pour faciliter le puisement de son eau.

En 1933, le transport de l'eau des mares est interdit. Les mares qui sont à sec ou sur le point de l'être sont curées. Une pierre de la mare Anger est sur le point de tomber. Elle est enlevée et redressée.

La mare du Boulay est faucardée en septembre 1935. Les enfants y récupèrent régulièrement des sangsues noires et jaunes et les vendent cinquante centimes pièce au docteur Guérin (*témoignage de Robert et Jacques Dannetot).

La mare située route de Berville est comblée avec les déblais des travaux d'adduction d'eau en 1938. Cette mare, non entretenue, était insalubre. La mare des Fossés, aussi insalubre, est devenue inutile depuis la distribution de l'eau. Elle est vendue à un propriétaire riverain, et comblée.

En 1942, les ordures ménagères servent à combler la mare Artus (Arthur) dont l'utilité ne se fait plus sentir.

Pendant la guerre 1939/1945, les boulangers de la commune puisent de l'eau dans la mare Anger pour faire leur pain. Plus tard, l'eau de la mare sert à laver les automobiles. (*témoignage de MM. Dannetot).

En septembre 1953, le curage de la mare Anger est déclaré nécessaire : c'est le seul point d'eau important de la commune en cas d'incendie.

En 1954, la canalisation de la rue du Neubourg amène les eaux restituaires vers la mare Anger.

Le 23 juin 1954, l'installation d'un réservoir d'eau est projetée en remplacement de la mare Anger. En septembre, la mare doit être curée. Elle exhale des odeurs nauséabondes. L'établissement d'un bassin en ciment armé d'une contenance de cent cinquante ou deux cents mètres cube est à l'étude. En mai 1955, une instruction du service départemental autorise la construction d'un bassin en ciment armé d'une contenance de cent mètres cube, entouré d'un grillage, assortie d'une subvention de 80 à 90 %  par l'Etat et le département.

Le 21 septembre 1956, MM. Deboos, Verrier et Noyelle demandent la suppression de la mare Anger et l'étude d'un projet de bétoire (*puisard pour les eaux pluviales) qui pourrait absorber les eaux de pluie et les eaux résiduaires du haut du bourg.

Le service des Ponts et Chaussées propose un remblayage, sur environ trois mètres, du virage de la mare Anger route du Neubourg et l'aménagement à cet endroit d'une réserve d'eau pour le service Incendie.

La vente de la mare Anger est proposée en octobre 1959. Plusieurs acquéreurs se présentent en décembre. Sa mise à prix est fixée à trois cent quarante nouveaux francs le 30 mars 1960. Sa surface est de cent soixante-dix mètres carrés.

La mare Arthur est vendue en septembre 1964.

La présence d'une mare située sur la propriété de Mme Thomann (*près de l'actuel Centre de Secours) nécessite la pose d'une clôture en février 1980. (*Les propriétaires et locataires des maisons de la route de Thuit-Hébert, parallèles à l'église, dépourvues de sanitaires, utilisaient autrefois cette mare pour y déverser, subrepticement de nuit leurs ordures et déchets humains…)

La mare communale du Bas Boscherville présente un réel danger en 1981.

En septembre 1983, la création d'une société de pêche est en projet. Elle bénéficierait de l'usage de la mare communale du Boulay.

Les berges de la mare du Boulay sont dégradées. Des pieux en châtaigniers sont plantés en 1985.

L'élargissement du chemin du Daim Blanc ne peut se faire en 1987 en raison du maintien obligatoire d'une mare. La mare du parc du château Keller est curée en 1988. La mare de La Poterie est clôturée en 1990.

En juin 1991, la mare du Boulay est envahie par les joncs. Elle est fréquentée par de jeunes pêcheurs.

En juin 2000, il convient de rétablir le trop-plein qui conduisait autrefois les eaux excédentaires de la mare de La Poterie vers le fossé de la route de Rouen, via une mare privée. Le curage des mares privées est réalisé aux frais de la commune : elles constituent le plus souvent d'exutoire aux eaux ruisselant sur les chaussées publiques.

En novembre 2000, une mare privée, située aux Essarts, est acquise par la commune. Il est procédé à son curage et à la construction d'un débit de fuite dans les herbages situés en contrebas, ce qui évitera de nouvelles inondations. En 2001, la mare du Val Caillouel est curée.

           En juin 2002, les riverains de la Mare du Boulay se plaignent de l'état de celle-ci : agglos, palettes, cannettes détériorent le site. En novembre, le maire rappelle que la mare du Boulay est une réserve à incendie, alors que deux plots de béton empêchent son approche par un véhicule. Un particulier propose de l'acquérir (non réalisé).

 



18/05/2009
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