BOURGTHEROULDE : Pierre Carité, garde messier

PIERRE LOUIS CARITÉ, GARDE MESSIER ET PREMIER GARDE CHAMPÊTRE

 

                Pierre Louis Carité épouse le 24 novembre 1766 à Bourgtheroulde Marie Marguerite Langlois. Il est originaire de Bourg Achard où il exerce le métier de laboureur. Il s'installe à Bourgtheroulde où naissent ses enfants.

Le 10 juin 1790, Pierre Louis Carité est nommé garde messier. Son travail consiste à surveiller les moissons et autres plantes alimentaires. Il a aussi la charge de relever les infractions commises dans la commune. Son habit est agrémenté d'une bandorière (*bandoulière) aux trois couleurs bleu – blanc - rouge sur laquelle figurent en grosses lettres : MDB (*Messier De Bourgtheroulde).

Il prête serment. Son salaire est fixé à cinq sols par an de récoltes sauf terres fermées de murs ou haies, plus un quart des amendes. Il accomplit scrupuleusement sa tâche, n'hésitant pas à exercer des surveillances de jour comme de nuit. Il constate les divagations d'animaux et de volatiles, les vols de grains ou plantes, les pacages interdits, les délits de chasse. Le glanage est autorisé. Il sanctionne les propriétaires qui empêchent les pauvres de glaner.

Pour la petite histoire - Exemples d'infractions constatées par Pierre Louis Carité :

21/10/1790 - 10 poulets dinde de Duhazey dans les blés de Blesve

26/10/1790 - 2 vaches de Fouquet (qui se moque du procès-verbal) dans les blés et seigles de Leclerc

28/10/1790 - 1 jument de Duval dans la cour de Boutin - même jour : 11 poulets dinde de Leclerc dans les terres de Pillon et Thubeuf

29/10/1790 - 2 porcs de la veuve Lequesne dans les terres d'Etard

29/10/1790 - le porc de Lenoble dans la cour d'Etard - même jour : 3 porcs de Cauvin dans le clos de Fouquet

01/11/1790 - 2 chevaux près le parc royal et 2 autres sur le chemin du moulin tendant à la grande route d'Elbeuf dans les terres de Cauvin (conduits dans le parc royal)

02/11/1790 - 1 cheval de Demare d'Infreville dans la cour de Boutin - même jour : insultes de Dehors .

etc.

Il contrôle les débits de boissons et inflige des procès-verbaux aux cabaretiers se permettant de servir des boissons alcoolisées ou du café pendant les offices religieux, ce qui est rigoureusement interdit. Il observe le stationnement des chevaux et bourriques, non autorisés à être attachés devant les cafés, auberges, boutiques marchandes, etc. Ceci afin d'éviter les accidents. Ce qui dérange certains administrés qui le lui font savoir en des termes assez virulents. Il reçoit des menaces. La municipalité qu'il représente est insultée. Les chevaux en infraction sont conduits dans le Parc Royal (*champ de foire appelé Le Jardinet) et leurs propriétaires sanctionnés.

Le 19 mars 1791, Pierre Louis Carité trouve un cheval sous la halle au blé. Il en fait remontrance au cabaretier Delangle et à son épouse qui lui répliquent qu'il n'est pas foutu de le prendre lui-même et d'aller se faire foutre, lui et la municipalité. Le cheval émet un bruit malodorant. Delangle suggère d'aller le porter à la municipalité… La municipalité, outragée, porte plainte devant les juges ordinaires. Le sieur La Londe, meunier à Glos Sur Risle, propriétaire du cheval, écope d'une amende de six livres le 29 mars. Les époux Delangle sont réprimandés et sanctionnés.

              Le 15 novembre 1791, Pierre Louis Carité est nommé commissaire pour inspecter les cheminées et prête serment.

              Le 12 février 1792, il est nommé garde champêtre et prête à nouveau serment. Son salaire est de trois cents francs par an. Le 11 octobre 1792, Pierre Louis Carité, garde messier dans l'ancienne municipalité, est reconduit dans ses fonctions. Le 18 septembre 1793, il demande le recouvrement du solde de son salaire de garde messier. Ce qui est impossible à satisfaire pour cause de difficultés de trésorerie diverses. Il suggère de percevoir une somme de six sols sur chaque quintal de blé, à payer par les acheteurs.

              Le 10 thermidor an 3 (28 juillet 1795), il est à nouveau nommé garde champêtre. Il assure la propriété des récoltes. Le 5 vendémiaire an 9 (29 septembre 1800), des plaintes multiples sont déposées à son encontre. Il n'est plus reconnu en cette qualité depuis la suppression de l'administration municipale dont il tenait les pouvoirs. Le maire, Nicolas Marin Michaux, lui retire les poids et « boulards » de la commune ainsi que la clochette, lui défendant toutes fonctions à cet égard et tous usages des dits objets. Le 10 vendémiaire, Pierre Louis Carité, ancien garde champêtre, ayant déposé réclamation, le conseil municipal arrête que les poids, « boulards » et la clochette lui seront remis aux clauses et conditions suivantes : il sera à la disposition de la mairie pour les publications à faire, les commissions et la correspondance. Il ne recevra que dix centimes pour chaque pesée d'un quintal. Il n'exigera, pour chaque criée, que cinquante centimes sans y comprendre le papier de la quittance, s'il en donne. Il traitera et déroulera au bureau de la mairie toutes les affiches qui pourraient être mises dans les lieux publics sur papier libre, ainsi que les auteurs d'icelles, s'il parvient à les connaître, et il ne publiera rien lui-même qu'il n'en avertisse le maire ou l'adjoint et n'en fasse connaître le motif. Le conseil lui interdit à l'avenir toutes fonctions de garde champêtre .

              Le 2 germinal (23 mars 1801), une circulaire du préfet de l'Eure demande la nomination d'un employé pour les pesages, mesurages et « jaugeauges » publics dans la commune et propose un tarif de perception sur les droits y relatifs. Le conseil juge qu'il n'y a pas lieu d'établir un bureau public spécifique. Aucune plainte n'est revenue concernant Pierre Louis Carité qui occupe ces fonctions depuis longtemps.  Il est conservé de préférence à tout autre. Le conseil municipal lui abandonne trois cinquièmes des produits, les deux cinquièmes revenant à la commune. Le maire a un droit de surveillance.

             Le 5 messidor an 11 (24 juin 1803), pour en imposer à la malveillance et empêcher les dégâts que trop souvent les animaux laissés à l'abandon commettent, il est nécessaire de nommer et établir un garde champêtre. Pierre Louis Carité, toilier, ancien militaire au régiment de dragons de Béthune, réunit par sa capacité les conditions nécessaires pour être admis aux fonction de garde champêtre. Il a exercé ces mêmes fonctions à la satisfaction de ceux qui le lui avaient confiées. Ils est nommé garde champêtre aux appointements de 100 francs par an, payables chaque trimestre.

                Pierre Louis Carité décède le 24 mars 1807. Il était toujours en fonction.

 

Registre civil de Bourgtheroulde – « L'an mil huit cent sept le vingt quatre mars à dix heures du matin. Pardevant nous adjoint du maire de la commune de Bourgtheroulde département de l'Eure. Sont comparus les sieurs Louis Lambert marchand épicier et Jean Baptiste Bisson caffetier tous deux domiciliés en cette commune, voisins de feu Pierre Louis Caritté. Lesquels nous ont déclaré que le dit Pierre Louis Caritté est décédé ce jourdhui à neuf heures du matin, né en la commune de Bourg Achard le treize de septembre de l'an mil sept cent trente neuf âgé de soixante huit ans, fils de Pierre Caritté et de Jeanne Elisabeth Moirot, décédé en en son domicile les jour et heure que dessus, étant les déclarants signé avec nous ce présent acte de décès après qu'il leur en a été donné lecture ». Signatures de : Braquehais, Lambert, Bisson.

 

                Pierre Louis Carité n'était pas le seul à exercer les divers droits de surveillance.

                Le 2 août 1790, Jacques et Thomas Béranger, père et fils qui professent la religion catholique apostolique et romaine sont nommés à l'exercice de la place de gardes messiers sur les terres et dans les masures, prairies et bosquets qui appartiennent et en propriétés sur les paroisses de Bourgtheroulde et Infreville suivant acte du 30 juin dernier, à la demande de M. Louis Paul Le Cordier de Bigards de La Londe, chevalier, Président à mortier au Parlement de Rouen. La municipalité de Bourgtheroulde accepte et fait prêter serment à Jacques et Thomas Bérenger le 1er septembre 1790. Respectant leurs nouvelles fonctions, ils dressent procès-verbaux à des habitants de Boscherville chassant avec des fusils et des chiens dans les terres de M. le Président de La Londe représenté par Claude Michel His, avocat à la cour qui a reçu procuration. L'un des contrevenants, Tubeuf, est condamné le 11 septembre 1790 à cent livres d'amende avec défense de récidiver. Le 3 mars 1793, Jacques Béranger, garde de la forêt domaniale, obtient un certificat de civisme.

 



26/05/2009
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres