LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE - 1790

LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

 

Le calendrier révolutionnaire prend effet le 22 septembre 1793 à minuit, date de la proclamation de la République et de l'équinoxe d'automne. Il remplace le calendrier grégorien instauré par le pape Grégoire XIII. L'année comprend douze mois de trente jours complétés par cinq jours complémentaires baptisés Sans-Culottides et un sixième pour les années bissextiles. Chaque mois est divisé en trois décades. Le dimanche est supprimé et remplacé par le jour de décadi (dixième jour) où on se repose. Le calendrier révolutionnaire est rédigé par Fabre d'Eglantine, auteur de la chanson Il pleut, il pleut bergère. Les saints sont remplacés par des noms de fleurs, fruits, arbres.

Le calendrier révolutionnaire est supprimé définitivement le 9 septembre 1805 (décret du 22 fructidor an XIII). Le calendrier grégorien est rétabli le 1er janvier 1806.

 

Les Thérouldebourgeois sont peu enclins à les utiliser. Cependant, des parents « révolutionnaires » donnent à leurs rejetons des prénoms à la mode : Cincinnatus naît le 5 floréal an II (1794), Paul Nivos est déclaré le 1er nivôse an III (1794), Fébrurie Adélaïde voit le jour le 2 prairial an VII (1799)... Un père réactionnaire, ou inconscient, déclare une petite Marie Antoinette le 10 brumaire an VII (1798). La reine portant ce prénom a été guillotinée en 1793… A Infreville, Marianne Désirée est déclarée par son père le 7mars 1793. Plusieurs Espérance voient le jour…

 1790 - Le 21 février, M. Pourpoint, notaire, est maire, Tubeuf prêtre curé secrétaire et Cauvin procureur. Un détail estimatif de la cure de Bourgtheroulde ainsi que l'état des terres et rentes de la collégiale est établi et présenté au marquis de La Londe.

Le 1er mars, des meuniers et boulangers se permettent d'entrer les premiers dans la halle aux grains et font leurs provisions sans rien laisser au peuple. A la suite de plaintes, les boulangers, meuniers, et bladiers (*marchands de grains) ne seront autorisés à entrer dans la halle qu'à dix heures et demie après les six coups de sonnette. 

Le 15 avril, Cauvin, procureur de la commune, mentionne que des fossés faits par des particuliers, sur les ordres du marquis de La Londe, barrent la totalité du champ de foire, les chemins accédant à l'église par derrière les halles poissonnières et autres venant d'Infreville et autres lieux à la chaussée royale. La foire de la saint Marc a lieu le 25 avril. Le président de La Londe et ses ayeux ont donné à la communauté des preuves de sa grande protection. M. de La Londe prétend qu'étant propriétaire du champ de foire, il peut l'enclore de fossés en laissant l'accès par la rue le l'église. Ce qui ne peut qu'amener un soulèvement dont les suites pourraient devenir funestes à la suite de clameurs publiques et réclamations particulières. Une conciliation est demandée à M. de La Londe. Il doit faire des sacrifices plutôt que de causer le plus léger préjudice à ses vassaux. Les fossés devront être comblés depuis l'école jusqu'à la cour de M. de La Londe, appelée cour du vieux presbytère. Le marquis autorise la tenue de la foire pour un an par une lettre datée du 16 avril. Un décret de l'Assemblée Nationale interdit de percevoir les droits en sa possession. Les marchands et acheteurs refusent de payer l'ancien droit de coutume, mais doivent s'y résoudre, la déclaration royale du 12 mars 1752 n'étant pas abrogée.

En mai, le prix du blé augmente. Le boulanger Lebourg affirme ne pouvoir continuer son état. Il n'y a plus de pain. Lebourg est accusé d'avoir malicieusement dépavé son four. La plainte est fondée après vérification. Lebourg doit remettre son four en état et cuire sous peine de poursuites. Fin mai, Leblond de Thuit-Hébert se jette sur les sacs de blé de Boutigny d'Infreville avant l'ouverture de la halle et menace des personnes. Il y a toujours pénurie de blé et des demandes d'aide sont faites à Rouen. 

Le 10 juin, défense est faite aux cabaretiers, cafetiers et aubergistes de donner des boissons pendant l'office et après dix heures du soir. Pas de jeux pendant l'office, et de nuit. Les chevaux et bourriques seront attachés face au pavé du roi. Les habitants doivent nettoyer devant leur porte, ce qu'ils ne font pas. Les marchands s'installent anarchiquement. Les propriétaires négligent l'entretien des chemins, construisent des fossés, plantent des arbres et des haies. Les animaux sont trouvés divaguant. Les laboureurs empêchent le glanage par les pauvres, coutume autorisée avant le lever du soleil et après son coucher. Pour faire respecter ces décisions, Pierre Louis Carité est nommé garde messier.

Bourgtheroulde est toujours une ville d'étape pour les troupes. Un détachement de la milice nationale de Sées stationne à Bourgtheroulde avant de se rendre à la fête de la Fédération à Rouen : un veau est massacré chez le boucher Coullebœuf. Ce qui donne lieu à de nombreuses protestations et disputes entre la troupe et les habitants.

Le 3 juillet, Peuffier est nommé commandant de la Garde Nationale de Bourgtheroulde. Laurier, Rousel et Hébert sont officiers et prêts à reprendre leur service dans la nouvelle formation d'une Garde Nationale.

Un rassemblement a lieu sur la place du Jardinet pour détromper le public sur les mauvaises intentions que l'on prête aux habitants du bourg. Il n'y a pas eu de députation de Bourgtheroulde à l'Auguste Fédération qui s'est faite le mardi précédent à Rouen : les habitants seraient des ennemis de la Patrie ?

Le 10 août, la Garde Nationale n'a aucun règlement concernant la discipline.

Un décret du 5 août de l'Assemblée Nationale ordonne aux municipalités de faire détruire toutes marques d'infractions et de séditions.

Les perturbateurs sont condamnés et paient des amendes : Le 23, à dix heures, la patrouille ordonne à Coquelin de faire retirer les personnes qui consomment chez lui. Trois consommateurs récalcitrants traitent la femme de Coquelin de sacrée garce, sacrée p… et autres expressions déshonorantes pendant plus d'un quart d'heure. Peuffier, commandant, dépose un procès-verbal de Leclerc lieutenant de la seconde compagnie de la Garde Nationale. Il est demandé aux contrevenants de faire des excuses publiques à la Garde Nationale.

Le 27, les laboureurs menacent de ne plus apporter leurs grains. C'est la disette. Le maire écrit aux autres maires du canton pour inciter les laboureurs à revenir. Le 11 septembre, Gabriel Jacques, capitaine de la Compagnie d'Infreville, dénonce Etienne Malilot de Berville, boulanger, qui est entré dans la halle aux blés et a parlé aux laboureurs vendeurs de blé, d'où achat à l'extérieur de la halle. Menaces de coups, injures. Malilot est arrêté et paie 24 livres d'amende.

Le même jour, le procureur de la commune observe avec la plus grande douleur qu'il est obligé de dénoncer au corps municipal des émeutes et séditions occasionnées par des perturbateurs et mauvais sujets qui provoquent des bagarres avec la Garde Nationale et profèrent des insultes. Les fauteurs de troubles sont arrêtés pour être conduits dans les prisons de Pont Audemer. En réalité ils seront détenus à Bourg Achard. L'un d'eux, Cormery, demande pardon à ceux qu'il a offensés. Il est chargé d'enfants. Son père et Etard, son beau-père, se portent garants. Les parents et épouses de Thorel et Paquet demandent leur libération et paient les frais causés par leur arrestation.

Le 19 octobre, Peuffier dénonce les cabaretiers et cafetiers qui donnent à boire pendant les offices divins. Le 31, Neveu sergent, Tougard caporal et Fouquet capitaine, dénoncent des consommateurs d'eau-de-vie chez Coquelin à une heure indue.

Le 4 novembre, des marchands vendent des étoffes et marchandises sur le pavé et places latérales du bourg les dimanches et fêtes, sans respect dû au culte divin. Ils sont frappés d'interdiction. Il y a récidive quand les femmes d'Adrien Petitvalet  et Piguy  de Boscherville vendent mercerie et mousselines sur le pavé, l'une devant chez Blesve maréchal ferrant, l'autre devant la porte de Payen huissier.

Chez Collin, cafetier, plusieurs personnes boivent pendant la grand messe et les vêpres. Le même jour, à 11 heures du soir, Balthazard Bussy sergent de la seconde compagnie et six hommes trouvent chez Delangle, cafetier, plusieurs personnes dont Ygouf capitaine de la compagnie en habit de la Garde. Ils lui font remarquer que ce n'est pas là un exemple. Ygouf arrache épaulettes et hausse-col et déclare qu'il se fout de la Garde et de ses supérieurs. Tous des Jeanfoutres ! Il traite Bussy et les autres couillons de Jeanfoutres. Ygouf et ses compagnons se font apporter un petit pot d'eau de  vie en disant : "Buvons et foutons-nous de ces couillons" . Ygouf, aubergiste et capitaine d'une compagnie de la Garde Nationale, comparaît le 14 novembre. Un acte est dressé de ses déclarations, protestations et démission. Le corps de la Garde Nationale est convoqué pour l'élection d'un autre capitaine. Dubusc est lieutenant colonel. Deux procès-verbaux sont infligés à Delangle. Un avertissement est donné à Lallemand pour insulte à la Garde.

Le 9, M. Pinchon est président de l'Assemblée Primaire du canton. Un procès-verbal reconnaît l'élection du juge de paix et de quatre assesseurs. Le canton est alors composé de dix-huit communes.

Le 13, Thubeuf, abbé chanoine, secrétaire du conseil municipal, donne sa démission dans l'église. Boutin fils est nommé secrétaire. Son salaire est de 72 livres par an. Il prête serment le 20.

 Un état des revenus du Chapitre (*Conseil de religieux) de Bourgtheroulde est établi avec les noms des imposés. Le 28, des prud'hommes et assesseurs du juge de paix du canton sont nommés selon procès-verbal le  29 octobre en l'église : Fouquet, Cauvin, Peuffier, Ansoult prêtent serment.

Pendant deux dimanches, le sieur Bourry d'Angoville, a contrevenu à la défense d'exposer des marchandises et a étalé une charretée de sabots. S'il récidive, il paiera six livres d'amende ainsi que les dames Petivalet et Piguy. Le 5 décembre, la contribution patriotique de Saint Amand du 25 mai est jugée insuffisante. Il s'engage à acquitter 150 livres. Il vient d'hériter de son père. Le 11, requête du procureur d'Angoville : les chemins venant de Bourgtheroulde sont inaccessibles. Les propriétaires et riverains sont tenus de réparer les dits chemins. Le 12, récidive des femmes Piguy et « Tivalet » : ventes de marchandises dimanches et fêtes. Bagarre et insultes dans un cabaret provoquées par Monneaux marchand filassier. Le 27, Jean Neveu vient réclamer son fils, caporal des Gardes Nationales. Il se fait traiter de jeanfoutre et de roupillard par Etard qui lui jette un chandelier et lui donne des coups de pieds et de poings



17/04/2009
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